Sunday, July 19, 2009

Premiers jours à Kayes

Nos deux premiers jours à Kayes avaient pour but de nous orienter dans le système de santé régional et local. Karim (auquel je réfèrerai souvent comme Dr. Diakité, puisqu’il est MD de formation) nous accompagna afin que nous puissions rencontrer le directeur régional de la santé (un peu comme de le directeur du ASSS de Montréal) et plusieurs professionnels au niveau administratif.
Nous avons fait la connaissance de Dr. Lucie Lemieux, anciennement Directrice de Santé Publique de la Région de l’Outaouais, qui collabore avec le système de santé ici à Kayes. Elle nous a aidés à identifier les grandes problématiques de santé et les obstacles à leur résolution.
Les plus grands défis sont au niveau de la santé des femmes et des enfants, car le taux de mortalité infantile et maternelle est très élevé et demeure une priorité du gouvernement.

Les causes de décès principales chez les femmes sont:
-L’hémorragie lors de l’accouchement
-L’éclampsie
-L’infection post-partum

Les enfants, par contre, succombent à:
-la malnutrition
-le paludisme (la malaria)
-les infections respiratoires

Ces décès sont tous évitables si les mesures sanitaires et l’accès à une saine alimentation peuvent être améliorés. L’accès aux soins est un énorme défi également, et la responsabilité repose autant sur les épaules des utilisateurs que du système de santé. Plusieurs patients meurent à chaque année parce qu’ils refusent de consulter (pour des raisons culturels ou personnels), consultent trop tard ou n’ont pas l’argent pour payer les frais des soins. Souvent la consultation est gratuite mais le matériel employé dans les soins doit être acheté avant de pouvoir administrer les soins. Plus fréquemment qu’on ne voudrait, une femme meurt suite à une crise d’éclampsie parce que après ses premiers symptômes, elle a attendu de demander d’aller à l’hôpital, puis a dû attendre la décision de son mari ou de sa famille par rapport aux frais. Si la famille accepte de payer les frais et trouve l’argent requis, ils doivent ensuite se rendre à l’hôpital, qui peut être jusqu’à 6 heures de route. Le temps d’y arriver, elle est déjà dans un coma profond et meurt, ainsi que son enfant peu après.

Le coût d’assistance à un accouchement est de 1000CFA, c’est à dire 2$. Pour vous le mettre en perspective, c’est le coût de 4 litres d’essence, et tout le monde à des motos, mais peu de gens dépensent les sous pour l’accouchement.

Suite à notre rencontre avec les dirigeants du cercle de Kayes, Dr. Diakité nous offrit une présentation du système de santé malien et nous distribua notre horaire. Nous ferons des rotations en maternité, pédiatrie, dermato, CSRef (CLSC) et CSComm (brousse). Ceci devrait nous offrir une expérience globale et nous exposer aux mêmes défis auxquels le personnel régulier doit faire face quotidiennement.

Après le dîner, nous eurent la chance de faire une belle sieste et de nous accoutumer à nos quatre autres collègues. Relativement jeunes et admises en médecine directement du cégep, elles ont néanmoins un très bon sens de l’autocritique et il nous fait énormément de bien de partager nos perspectives et de comprendre le processus mental médical, qui est très différent du processus infirmier.

Une note sur la cuisine malienne.

Ceux qui me connaissent personnellement savent à quel point la cuisine (et par conséquence le contrôle de la pièce de la maison concernée) est importante pour moi. Le fait de reléguer la préparation des repas est un processus de détachement qui m’a pris deux mois de préparation mentale CONSCIENTE. Je suis donc arrivée à Kayes prête à accepter que je ne pourrais pas faire de cuisine. Imaginez donc le choc lorsque notre premier repas nous arrive et qu’il est très salé et gras. Un petit pétage de coche interne s’ensuit. Les autres filles s’en rendront compte lors du 7e jour du même plat. Choyées telles que nous le sommes au Québec, la diversité est toujours au menu. Ici, nous devrions évidemment reconnaître notre bonne fortune d’avoir trois repas par jour, mais il va sans dire que lorsque le repas est toujours composé d’une viande (tendre, je l’avoue, mais salée en titi!) en sauce à l’huile de palme et d’un féculent, il est assez facile d’avoir des rages de salade. Sans compter l’effet de manger du riz en grande quantité: ça constipe! Donc cette diète n’est pas géniale pour ceux et celles ayant des troubles intestinaux, des limitations au niveau du cholestérol, ou qui sont végétariens ou en forme. Je suis convaincue que d’ici deux semaines, nous allons suer l’huile de palme.

Et suer est un sport ici. Dos, mains, visage, plante des pieds et craque des fesses, nous en faisons de véritables discussions de groupe!
La température moyenne à Kayes LA NUIT est de 30-32 degrés Celcius. Elle descend à 28 lorsqu’il pleut.
Vive les petits climatiseurs dans nos chambres. Lorsqu’ils fonctionnent.

Le troisième jour, nous recevons la nouvelle qu’il fait toujours un temps de chien à Montréal avec des températures allant de 15 à 20 degrés. Apparemment, c’est chiant des deux bords de l’Atlantique. Solidarité assurée!


Lessive:

L’activité de choix ici, car nous avons peu à faire en dehors de nos heures de stage. Nous prenons deux heures à laver nos petits sous-vêtements avec une brosse à ongles, et nous jasons de tout et de rien.

Vraiment de tout et de rien.

Le reste du temps est passé à discuter de notre adaptation gastro-intestinale, qui se fait vite pour certaines et moins vite pour d’autres, de ce qu’il nous manque de chez nous, et de la chaleur qu’il fait.

KAYES

Kayes est une ville d’environ 10 000 habitants, et la première chose qui saute aux yeux est la pauvreté abjecte. À l’opposé de la capitale Bamako, il n’y a pas de “beau” quartier, ni de nouveaux quartiers où les édifices sont en béton et les fenêtres ont de la vitre. Tout le monde vit dans des vieilles maisons à un étage ou des cases rudimentaires en bois. Ils dorment à terre ou à cinq sur des mince matelas de mousse ou des tapis de plastique tissé. Toute la ville ressemble à un immense dépotoir ou un bidonville des plus délabrés. Et c’est la norme. Peut-être est-ce la raison pour laquelle il n’y a pas de violence ici. Il n’y a rien à envier, à l’exception près des voitures de certains et des ONG. Mais encore, personne ne se plaint, ni cherche à faire du mal à autrui.
La politesse et les salutations sont attendus de tous, et une fois la langue locale, le bambara, maîtrisée, il nous sera facile de traverser ce pont interculturel pour compléter notre immersion.

Malheureusement, le bambara s’avère un défi de taille, car la grammaire est assez complexe et ce n’est pas la seule langue du Mali. En fait, le Mali inclut OFFICIELLEMENT 10 langues et 10 millions de personnes. Cela remet en perspective nos petites disputes entre anglophones et francophones au Québec.

J’écrirai davantage dès que possible.

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